- PORT (botanique)
- PORT (botanique)PORT, botaniqueOn désigne sous le nom de port l’aspect général d’une plante. La diversité du monde végétal se manifeste notamment par la diversité du port des différentes espèces contribuant, en participant à des formations végétales différentes, à caractériser les paysages naturels et ceux qu’a créés l’homme. Vis-à-vis du fonctionnement de la biosphère, le port des végétaux intervient dans l’efficacité de captation de la lumière, car il conditionne la disposition des lames foliaires dans l’espace. Il intervient aussi dans la structuration de l’espace, créant des biotopes variés pour les animaux, et il contribue à la stratification de la végétation et à la création de microclimats.Parmi les plantes ligneuses , on distingue deux ports principaux: arborescent et buissonnant . L’arbre possède un axe dressé, le tronc, dont la partie inférieure est généralement dépourvue de ramifications latérales. L’ensemble des branches forme le houppier. Cette définition correspond à l’archétype de l’arbre, mais on peut reconnaître les diverses espèces à leur port particulier, en l’absence des feuilles. Le buisson est dépourvu de tronc, et sa ramification débute dès la base.Entre ces deux types existent de nombreux intermédiaires: les arbustes sont de petits arbres, les arbrisseaux sont de petits buissons. Les arbustes en espalier sont appliqués sur le substrat, les plantes en coussinet sont des arbrisseaux réduits et très ramifiés, en boule et sans tronc avec une réitération herbacée importante.Les plantes herbacées offrent des ports très variés selon l’architecture de la plante, sa ramification plus ou moins dense. Certaines espèces ont une tige nue à la base et ramifiée au sommet (Euphorbia helioscopia ), d’autres sont ramifiées dès la base, d’autres enfin sont dépourvues de toute ramification (E. lathyris ). Parfois épaissie, crassulente, la tige prend un aspect columnaire.Le port en touffes ou cespiteux est caractéristique de certaines espèces de Graminées et de Cypéracées. Les Bryophytes ont aussi des ports typiques: dressé, rampant, en coussinet, en lames foliacées...Dans la réalisation du port interviennent surtout la rigidité des axes et les caractéristiques de la ramification. La rigidité peut être acquise de deux façons principales:— par épaississement des parois cellulaires et surtout par leur incrustation de lignine (le bois assure de cette façon la rigidité des troncs et des branches), chez les plantes herbacées, d’autres tissus (sclérenchyme surtout) déterminent une certaine rigidité;— par turgescence des tissus; elle intervient surtout chez les Cactées, les Crassulacées, les plantes halophiles succulentes, mais aussi chez les espèces pauvres en tissus de soutien dont le port est affecté lors de la fanaison.La ramification , très importante dans la réalisation du port, permet de définir des types architecturaux. On peut opposer le type arbre au type buisson par le mode de ramification. L’arbre est caractérisé par une acrotonie et une hypotonie . L’acrotonie est la propriété qu’ont les bourgeons situés dans la partie apicale du rameau de se développer de façon plus vigoureuse, en donnant des pousses de grande taille, alors que les bourgeons de la partie basale sont petits et ne se développent quelquefois pas du tout, ce qui produira un tronc cylindrique, comme celui des palmiers, le stipe. Le buisson, au contraire, présente une basitonie (pousses vigoureuses à partir des bourgeons situés à la base des rameaux) et une épitonie , d’où une densification progressive du centre du buisson.La longueur des entre-nœuds, la taille des unités de croissance, les rythmes de croissance, le mode de ramification, monopodiale ou sympodiale, sont importants dans la réalisation des types architecturaux.Le port spécifique d’une espèce est celui qui est réalisé dans un milieu isotrope. Il est sous la dépendance du génotype. Des mutations l’affectent, qui sont quelquefois recherchées pour la décoration: arbres pleureurs ou à rameaux contournés. Mais les facteurs de l’environnement influent aussi sur le port des espèces en donnant des accommodats dans les limites permises par le génotype.La lumière trop faible provoque le phénomène d’étiolement avec allongement des entre-nœuds des tiges (et également des feuilles chez les Monocotylédones). En forêt, les arbres de futaie ont un tronc dégarni de branches sur une grande hauteur et une couronne étroite en cône renversé (port forestier). Les mêmes espèces à l’état d’arbre isolé possèdent un tronc court et une cime large, sphérique (port champêtre). Cette différence de port d’une même espèce a pour cause la faible lumière du sous-bois, qui n’est pas suffisante pour que les rameaux inférieurs aient un bilan photosynthétique bénéficiaire; ceux-ci meurent et tombent (élagage naturel). Lorsqu’un arbre de port forestier est isolé à la suite d’une coupe ou d’un chablis, le surplus d’énergie lumineuse qui lui parvient induit des réitérations au niveau de la couronne et du tronc (descente de cime).Le vent est un puissant agent de modification du port, donnant des anémomorphoses . C’est la constance du vent plus que sa violence qui intervient en réduisant l’activité des rameaux du côté du vent (fermeture des stomates, d’où réduction de la photosynthèse). Il peut aussi détruire des bourgeons par les éléments qu’il transporte: cristaux de glace, sable, sel, substances toxiques. Les arbres prennent une forme «en drapeau», les arbustes sont prostrés au sol. Les plantes au port rampant sont préadaptées aux milieux ventés, car, à proximité du sol, elles échappent en grande partie aux effets du vent.Les facteurs biotiques agissant sur le port des plantes sont nombreux: action des parasites qui déforment les rameaux ou les feuilles, qui modifient la longueur des entre-nœuds par sécrétion de susbtances hormonales («balais de sorcières»). Le broutage modifie le port en provoquant la formation de très nombreux rejets à la suite de destruction des bourgeons (arbres abroutis en forme de coupoles dans les pâturages). Enfin, l’homme modifie le port des arbres par la taille. Les traitements forestiers peuvent affecter fortement l’aspect des arbres: il en est ainsi pour les taillis formés par rejets de souche après la coupe, plus ou moins facilement selon les espèces. Les résineux en sont pratiquement incapables. Le hêtre rejette difficilement en plaine, plus aisément en montagne. Toutes ces variations sont permises par l’embryogenèse indéfinie, par les phénomènes de différenciation et de rajeunissement cellulaire propres aux végétaux.
Encyclopédie Universelle. 2012.